Fille de Naftali et Rose Krauthamer
Nous avons appris avec tristesse le décès récent de Suzanne Gurwitz, âgée de 86 ans, qui avait trouvé un refuge temporaire à Saint-Martin-Vésubie en 1943. Sa vie a été marquée par la résilience, la dignité et la force tranquille.
Née le 22 mai 1939 à Paris, en France, Suzanne Krauthamer est venue au monde à la veille de l’un des chapitres les plus sombres de l’histoire. En tant que jeune enfant juive pendant l’occupation nazie de la France, sa vie a été marquée par un danger constant. Dans sa quête désespérée de sécurité, la famille de Suzanne s’est réfugiée dans le sud de la France, arrivant à Nice, alors sous le contrôle de l’armée italienne. Ils y ont trouvé un refuge temporaire dans la ville de montagne de Saint-Martin-Vésubie – un sanctuaire fragile pour les Juifs échappant à la déportation.
Mais ce bref abri ne durera pas. Lors de l’avancée des Allemands, Suzanne, encore jeune enfant, a traversé les Alpes à pied avec sa famille – aux côtés d’autres familles juives et de soldats italiens en retraite – au cours d’un périple éprouvant en Italie, dans une lutte pour la survie. Ce fut un moment décisif de sa vie, qui a mis en évidence le courage de ses parents et la force insondable de l’esprit humain.
Pendant son séjour en Italie, Suzanne a été cachée avec sa mère dans un monastère. La mère supérieure, inquiète pour leur sécurité et leur avenir, s’adresse à Suzanne et lui demande de parler à sa mère de la possibilité de se convertir au christianisme. Suzanne transmet le message, mais sa mère refuse fermement et calmement. Ils n’abandonneraient pas leur foi ou leur héritage juif, même face à la peur et à l’incertitude. Ce moment de résistance tranquille a accompagné Suzanne tout au long de sa vie, une leçon de courage, de conviction et d’identité.
En 1944, Suzanne et sa famille ont été amenées aux États-Unis à bord du Henry Gibbons, faisant partie d’un groupe spécial de 982 réfugiés de l’Holocauste qui ont trouvé refuge au Fort Ontario Emergency Refugee Shelter à Oswego, dans l’État de New York. Bien des années plus tard, lors du 80e anniversaire du camp de réfugiés d’Oswego, Suzanne a été honorée en tant qu’invitée de marque. Parmi les monuments commémoratifs se trouvait la statue d’une jeune fille tenant une valise. À la stupéfaction générale, il s’agit de Suzanne, capturée dans le bronze comme l’enfant qui est arrivée un jour en quête d’espoir et de sécurité.

Suzanne a refait sa vie à New York avec grâce et détermination. C’est là qu’elle a rencontré son mari bien-aimé, Marvin Gurwitz. Elle sortait à l’origine avec l’une des amies de Marvin, jusqu’à ce que ce dernier trouve son moment et l’invite à sortir avec lui. Leur partenariat s’est transformé en un mariage joyeux et dévoué. Marvin, habile négociateur et directeur des achats de longue date, la faisait toujours rire, même sans paroles. Sur son lit de mort, il lui dit doucement : « C’était un mariage formidable. Nous ne nous sommes jamais disputés. » Ils allaient partout ensemble et élevaient un foyer juif fier, rempli de symboles et de traditions juives, d’humour et d’un amour profond.
Elle était une éducatrice passionnée et une fière Bat Kohen, la fille d’un père qui a porté la Torah avec lui à travers les Alpes. Suzanne a repris ce flambeau avec dignité, non seulement en se souvenant du passé, mais aussi en le vivant avec détermination.
Elle s’est éteinte paisiblement le 23 mai 2025, le lendemain de son 86e anniversaire, entourée de sa famille bien-aimée. Elle laisse derrière elle son mari Marvin, trois enfants dévoués – Yaakov, Sharon et Paul – 14 petits-enfants et 24 arrière-petits-enfants. Chacun est la continuation de son héritage, chacun est un témoignage vivant de sa force, de ses valeurs et de son amour.
Naftali Gurwitz