Le souvenir d’Albert M. Sharon sur la marche vers Valdieri

Ceci est un extrait du livre écrit par Albert Sharon, « Walking to Valdieri – A memoir by Albert M. Sharon » (Marcher vers Valdieri – Les mémoires d’Albert M. Sharon).et a été présenté par sa fille Patty Maimon. Le livre a été publié en 2003 par MS Finan, Inc, mais n’est plus édité.

On nous a ordonné de nous rassembler sur la place du village et le maréchal nous a dit que l’armée et la police partaient et que nous étions libres de partir. Où irions-nous si les Allemands étaient déjà à Nice ? Nous nous sommes tournés vers le maréchal et l’avons supplié de nous emmener avec lui en Italie. « Je ne peux pas vous emmener, mais si vous le souhaitez, suivez l’armée », ses bras s’étendent généreusement, le reste n’est pas dit. Nous suivrions les Italiens à travers les Alpes.

Près de 800 hommes, femmes et enfants, chargés de leurs maigres biens, ont marché derrière l’armée.

Nous avons parcouru plusieurs kilomètres, traversant un petit pont qui délimitait la frontière entre la France et l’Italie. La nuit est tombée et nous sommes fatigués. Craignant de nous perdre dans la nuit noire de la montagne, nous avons établi notre campement dans un espace ouvert appelé « La Vacherie ». Plusieurs feux ont été allumés pour nous réchauffer. Les personnes âgées, épuisées émotionnellement et physiquement, se sont affaissées sur leur baluchon. Les jeunes ont trouvé de l’énergie pour jouer au chat et à la souris : pour eux, c’était une aventure.

Nous avons suivi l’armée italienne sur la route sinueuse. Le terrain était difficile. Les enfants trébuchent en s’accrochant à leurs parents qui portent des enfants en bas âge dans leurs bras. La force d’âme remarquable des personnes âgées et handicapées qui s’efforçaient de suivre le rythme était stupéfiante.

Je revois encore M. Reiter, le visage déterminé, gravissant péniblement la montagne avec ses béquilles. Lorsque nous avons atteint la crête, nous sommes tombés sur un bunker abandonné de l’armée italienne, nous l’avons utilisé pour échapper au vent et nous permettre de reprendre notre souffle avant la descente ardue.

Albert M. Sharon

Albert M. Sharon (1924-1990) est né dans un foyer juif à Varsovie, en Pologne, avant de déménager à Bruxelles, en Belgique, alors qu’il était enfant. En 1940, alors qu’Albert a 15 ans, les Allemands envahissent la Belgique. Albert, ainsi que ses deux sœurs et son frère, a fui avec ses parents en France afin d’échapper aux combats. La famille a déménagé dans plusieurs villages du sud de la France, le long des Pyrénées. À Toulouse, Albert et son frère participent à la fabrication de documents pour la résistance clandestine et sont finalement emprisonnés à Lyon, en France. Après avoir retrouvé sa famille, il s’est rendu en Italie après la signature de l’armistice. Albert a fait transcrire son histoire par sa femme, Lynn Sharon, quelques mois avant son décès en 1990. (Copié de ushmm.org, qui comprend la version originale du livre).

Patty Maimon, la fille d’Albert, vit dans un petit village en Israël. Elle est mariée, a quatre fils mariés et travaille comme secrétaire médicale dans un logement protégé (Protea Village). En 1971, elle a visité Saint Martin Vésubie avec son père et son frère Avinoam. C’était la première fois que leur père revenait depuis la guerre. Alors qu’ils marchent dans la rue, elle se souvient qu’il lui a dit que rien n’avait changé depuis 1943.

La famille à Rome après la guerre.
Devant : Shlomo, Esther, Bella. Derrière : Mariette et Albert.
(Alter et Sidi avaient immigré en Eretz Israël).
Mariage d’Alter et de Sidi en 1943
Une page de Walking to Valdieri

5 réflexions au sujet de “Le souvenir d’Albert M. Sharon sur la marche vers Valdieri”

  1. I just wanted to comment really a correction that I should have mentioned when I sent in the passage. My father’s family name was Szajdholc.
    My grandfather Shlomo changed the family name to Sharon years later living in America.

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    • Dear Mrs Maimon, I’m Luca Borello, middle school’s teacher in Valdieri (Cuneo, Valle Gesso). With my students I’m doing research on the Jews who arrived in Valle Gesso from Saint Martin de Vesubie in September 1943 and were helped by the inhabitants. In the book written by your father, we read that he was helped by a family from Andonno, the Rossis. Could you tell us the name and surname of these people?
      Thank you for your kind attention!
      Luca Borello

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  2. Hi thank you for the message
    First of all my father became friends with Father Borsotto who helped my fathers family even though he knew the danger he was putting the village into.
    Another family that helped them was Giacomo Rosso who was the Barber, Marianna Giordano and her parents Anna & Signora.
    I’m afraid I don’t know the names of the Rossis family.
    But all the families who did help were wonderful people.
    My parents returned to Andonno in 1984 and meet Marianna Giordano
    My father asked her if she knew why her family helped them and her answer was ‘My mother replied: ”We have no choice,what kind of a world would this be if people didn’t help other people when they were in trouble.”’

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    • Thank you for your prompt reply.
      One last question maybe you could answer me. When your father write: “[…] In time we made friends with the Rossi’s , a young married couple in Andonno. He was Italian and his wife French […]”, he speaks about Giacomo Rosso or another family? It seems strange but no one in Andonno knows this family.
      Thank you for your patience

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