En juin 2017, j’ai entamé un voyage personnel en suivant une histoire familiale que je connaissais depuis mon enfance :
Comment mon grand-père, alors âgé de 4 ans, a traversé les Alpes avec sa famille pendant la guerre pour tenter d’échapper aux Allemands.
En préparant mon voyage personnel, nous avons découvert que l’histoire de notre famille est liée à un millier d’autres histoires de réfugiés juifs qui ont choisi de partir sans aucune préparation préalable pour traverser les Alpes dans l’espoir d’atteindre une zone sûre, à l’abri de leurs ennemis.
Dans le cadre de mon voyage personnel, j’ai choisi de suivre les traces de mon grand-père et de sa famille de Saint-Martin-Vésubie en France à Entracque en Italie, soit 35 km. Lorsque je suis arrivé au col de Fenestre, j’ai été soudainement confronté à la vue spectaculaire du côté italien. À ce moment-là, j’ai ressenti un immense sentiment de liberté et d’espoir. Peut-être un peu comme ce que certains des Juifs qui sont passés par là avant moi ont ressenti lorsque l’Italie leur a été révélée – l’endroit où ils espéraient que la guerre serait derrière eux…
Quelques mois plus tard, j’ai eu le privilège de vivre, au même endroit, un moment que je chérirai à jamais dans mon cœur.
J’ai eu le privilège de me tenir au sommet à côté de mon grand-père, qui l’a gravi à nouveau avec beaucoup d’efforts 74 ans plus tard – cette fois avec des chaussures de qualité adaptées au terrain et avec une maison et un pays à retrouver à la fin du voyage.
Nous sommes restés là, dans les nuages, au cœur de la brume.
Et des paroles de bénédiction dans une langue ancienne, renouvelée dans sa patrie, ont ébranlé les montagnes et fait jaillir de mon cœur une source de gratitude, de ce moment à l’éternité.
בָּרוּךְ אַתָּה ה’ אֱלֹקֵינוּ מֶלֶךְ הָעוֹלָם, שֶׁהֶחֱיָנוּ וְקִיְּמָנוּ וְהִגִיעָנוּ לַזְּמַן הַזֶּה
Barukh attah adonai eloheinu melekh ha-olam, she-heḥeyanu v’kiy’manu v’higi’anu la-z’man hazeh.
Béni sois-tu, Seigneur notre Dieu, Roi du monde, pour nous avoir permis de vivre, de nous tenir debout et d’arriver jusqu’à ce moment.
Raphael Tishkoff Ebrani
Raphael, marié à Ayla et père de Brit Ori, vit en Israël dans les montagnes de Jérusalem. Depuis 2017, Raphaël a participé à plusieurs reprises à la Marche de la Mémoire, aux côtés de son grand-père, Avraham Schonbrunn, qui a fait le voyage de France en Italie alors qu’il était enfant avec sa famille en 1943. Raphael est directeur de l’une des académies de leadership du peuple juif « Kol Ami » (« Mechina »), destinée aux jeunes hommes et femmes juifs d’Israël et du monde entier. Depuis 2011, il travaille au renouvellement de la tradition du pèlerinage hébraïque à Jérusalem, plus récemment en collaboration avec le projet « The Way to Jerusalem ». Raphael est membre du conseil d’administration de l’AME43.