Un po’ di tempo in più (294 pages, publié le 1er décembre 2021) est le premier roman d’Andrea Bagnulo. Bagnulo est originaire de Turin. Son roman, comme sa vie, est rempli de musique et de gens. Il se sent obligé d’écrire comme un acte d’amour pour préserver la mémoire et se prémunir contre l’inévitable déformation du temps.
Le fait qu’on m’ait demandé d’écrire sur ce roman italien a été, pour le moins, un défi pour moi, car je ne parle pas l’italien ! Avec l’accord d’Andrea, David Bernheim, président de l’AME 43, a utilisé un outil de traduction en ligne pour convertir l’intégralité du roman en anglais, ce qui m’a permis de suivre l’intrigue. Ces traductions automatiques sont inévitablement maladroites et inélégantes à l’extrême, et je ne peux donc pas me prononcer sur le style de l’auteur. Néanmoins, je pense que ce roman mérite un large public. J’espère qu’il sera traduit dans d’autres langues par des traducteurs compétents capables de saisir les nuances et la beauté linguistiques.
Un po’ di tempo in più (Un peu plus de temps en anglais) raconte une histoire intéressante. Il s’agit d’un récit captivant sur l’amitié, la bonté humaine, les coups du sort et l’amour perdu et retrouvé. L’intrigue est intelligemment construite, avec des retours en arrière et des retours en avant dans le temps. Il revient parfois sur une scène décrite précédemment, mais sous un angle nouveau. Chaque section est datée, ce qui permet de suivre facilement la progression de l’intrigue.
Le roman s’ouvre sur une scène de concert, avec la musique de La liste de Schindler de Spielberg. Cette scène est au cœur de l’histoire et nous y revenons sans cesse. Le film de Spielberg et sa musique donnent un ton émotionnel au roman.
Les événements historiques survenus à Saint-Martin-Vésubie au cours de l’été 43 ne sont pas très connus. Avec son récit magnifiquement imaginé, ce roman commémore ces événements. Le personnage de Vinicio tombe par hasard sur un vieux journal de guerre tenu par son grand-père. En le lisant, il découvre ses racines juives. En septembre 1994, 51 ans après les événements décrits dans le journal de son grand-père, Vinicio entreprend son propre voyage pour retracer la traversée ancestrale de l’Italie effectuée par son grand-père en septembre 1943. Son périple solitaire de Saint-Martin-Vésubie au Colle Ciriegia (Col de Cerise) en l’honneur de son grand-père est l’un des nombreux moments vraiment émouvants du livre.
À mon avis, le film La liste de Schindler, sorti le 25 décembre 1993, a réussi à amplifier l’idée de l’histoire de l’Holocauste dans la culture populaire. C’est un merveilleux exemple de la manière dont les arts et l’histoire peuvent s’enrichir mutuellement, en travaillant en tandem pour fixer des événements historiques dans la mémoire culturelle. Dans cet esprit, le roman d’Andrea Bagnulo apporte une nouvelle interprétation de notre histoire et de celle de nos ancêtres.
L’amour, la perte, la famille, le suspense et la musique, tout y est et plus encore. Bagnulo fait citer à l’un de ses personnages Friedrich Nietzsche: « Sans musique, la vie serait une erreur ». Je suis tenté d’ajouter: « Sans histoires, la vie serait une erreur ».
Elaine Markowski McKee
La mère d’Elaine, Margit Reich, a vécu à Saint-Martin-Vésubie, occupée par les Italiens, pendant l’été 1943. Avec la plupart de ses Juifs, elle s’est échappée par les Alpes pour rejoindre l’Italie le 8 septembre, date à laquelle l’Italie a capitulé. Elle a ensuite été forcée de retraverser les Alpes et a finalement survécu à la guerre dans la clandestinité à Grenoble, en France. Elaine est née après la guerre à Paris, en France, et vit aujourd’hui à Toronto, au Canada. Elle est ergothérapeute à la retraite.