Je m’appelle Annette Stock, je suis une ethnologue allemande issue de l’immigration hongroise et marocaine. Je suis antifasciste et antiraciste, engagé dans la recherche dans le domaine de la narration historique.

J’ai commencé à documenter la Marche de la Mémoire et les événements commémoratifs en 2015. Lorsque j’ai rencontré Mario Levin en 2019, nous avons entamé ensemble un projet à long terme, en recherchant son histoire et celle de sa famille. Mario, lui, n’a connu la fuite des Juifs de Saint-Martin-Vésubie que dans le ventre de sa mère. Né quelques mois plus tard, le 11 février 1944, il grandit et passe son enfance et une grande partie de son adolescence à Saint-Martin-Vésubie. Toute la vie de Mario a été marquée par cette histoire, où son grand-père, Grégoire Dridso, a été arrêté par la Gestapo à Saint-Martin-Vésubie le 13 décembre 1943, puis déporté le 20 juin 1944 de Drancy à Auschwitz, où il a été assassiné par les nazis.

La famille de sa mère a émigré d’Orenbourg, en Russie, d’abord à Berlin, en Allemagne, puis, en 1927, à Nice, dans le sud de la France. En 1928, la famille achète la première de trois villas mitoyennes aux Châtaigners, à Saint-Martin-Vésubie. Les grands-parents de Mario, Rachel et Grégoire Dridso, y vivaient avec leurs deux filles, Rima et Vera. Rima allait devenir la mère de Mario. Rima et sa famille vivaient déjà à Saint-Martin-Vésubie depuis 15 ans lorsque les Juifs y sont arrivés en 1943.

Le père de Mario, Federico Strobino, était le lieutenant de la 4e armata de l’unité militaire italienne qui contrôlait la résidence forcée des réfugiés juifs sous l’occupation italienne à Saint-Martin Vésubie. Au printemps 1943, les parents de Mario deviennent amants. Avec mon partenaire Michael Scheer, un historien allemand, antifasciste, qui fait des recherches sur la Shoah en Europe de l’Est, j’ai aidé Mario à faire des recherches sur l’histoire de sa famille, dont on parlait peu. Les efforts que nous avons déployés font partie du sujet de mon livre, dont la publication est prévue pour la fin de l’année 2025.

Pour l’instant, j’ai décidé de présenter des collages historiques, afin de donner une impression des aspects clés de la vie de Mario qui sont directement liés à l’histoire de Saint-Martin-Vésubie. Elles ont été assemblées à partir des photos que Mario m’a données et apparaissent dans l’ordre dans lequel nous avons mené nos entretiens. Elles représentent les membres de la famille Dridso-Levin.

Annette Stock