Nous avons participé à la Marche à trois reprises.
Chaque fois, notre groupe familial s’est agrandi.
Chaque fois, c’était un défi physique.
La première fois, je suis venu mal équipé, sans chaussures de randonnée, sans bâtons de ski.
La descente était périlleuse. C’était la partie la plus difficile. Vers la fin, je pouvais à peine plier les genoux.
La deuxième fois a été plus facile. Je suis arrivée mieux préparée et j’ai pu mieux me concentrer sur le sens, sur la raison pour laquelle nous étions là. Ce n’était pas pour le plaisir. Il s’agissait de commémorer une fuite des nazis. Pourtant, c’était magnifique, avec des montagnes pastorales et des animaux sauvages à admirer dans l’air pur des basses Alpes.
La troisième fois a été la plus significative puisque nous sommes arrivés cette fois avec les quatre générations. Nos petits-enfants qui avaient à peu près l’âge de notre père lorsqu’il a échappé aux nazis. Mais vous avez vu la joie de ces jeunes enfants innocents, avec la facilité avec laquelle ils grimpaient, avec l’émerveillement de l’enfance au fond d’eux. On se demande si c’était la même chose pour ces enfants il y a 80 ans. Probablement. Peut-être. Parfois.
Mais il y avait aussi le froid, la faim, la peur. Peut-être surtout. Surtout pour les adultes.
Non, nous ne pourrons jamais comprendre ce qu’ils ont vécu. Nous ne pouvons qu’être reconnaissants envers ceux qui ont survécu. En effet, nous ne serions pas ici autrement.
Et nous nous souvenons de ceux que nous avons perdus. Même si nous ne les avons jamais connus. Même si les enfants d’il y a 80 ans les connaissaient à peine.
Et reconnaissants pour les marches de notre époque qui nous permettent de nous contenter d’un simple geste. En y trouvant de l’émotion et du réconfort.
Mike Ebrani
« Ma femme est la fille d’un survivant qui, alors qu’il n’était qu’un jeune garçon, a été contraint, avec sa famille, de traverser la frontière entre Saint Martin Vésubie et l’Italie pour fuir les nazis, qui avaient l’intention de les retrouver et de les assassiner.