Il s’agit d’une peinture que j’ai réalisée et qui représente l’un des passages difficiles vers l’Italie lors de notre fuite de Saint Martin Vésubie à travers les montagnes. Cet arbre était le seul moyen de traverser une rivière en furie. J’ai pensé qu’il serait approprié de commémorer l’événement du 8 septembre 1943.
Bien que je n’aie eu que quatre ans à l’époque, certains moments sont restés gravés dans ma mémoire lorsque nous avons traversé les montagnes. Un épisode particulier dont je me souviens et qui a beaucoup marqué mon jeune esprit est celui où nous devions traverser une rivière en furie. Le seul moyen de passer de l’autre côté était d’enjamber un arbre mort qui enjambait la rivière. Je me vois encore à califourchon sur ce tronc, avec ma chère mère, de mémoire bénie, assise derrière moi, me poussant en avant. Je suis sûr que cela a dû traumatiser l’esprit d’un enfant en bas âge, mais je ne me souviens pas de cette partie.
Mais surtout, le souvenir qui m’a marqué toute ma vie, c’est lorsque nous traversions un pont et que mon père, qu’Hachem venge son sang, s’est assis, épuisé, sur le rebord en s’essuyant le front ; c’est la dernière fois que je me souviens de l’avoir vu.
Avraham Schonbrunn
Le père d’Avraham, Josef Schonbrunn, réussit à s’enfuir en Italie, mais il est arrêté près de Demonte. Avraham, qui vit aujourd’hui en Israël, a raconté son expérience de la guerre au Jerusalem Post en 2020.