Icek Epelbaum et ses évasions des nazis

Icek Epelbaum et Leon à Nice en 1943

Mon père, Icek Epelbaum, sa nièce Annette Epelbaumas, sa sœur Ida Sidelski et Paul, son mari, traversèrent le col de la Cerise, à pied à travers la montagne enneigée, une marche de trois jours et trois nuits. Ida portait dans ses bras sa fille Claudine âgée de 5 mois. Les nazis les attendaient à Valdieri du côté italien. Sur les 340 juifs qui se rendirent aux nazis sur la place du village, 12 seulement revinrent des camps. Par chance ou/et intelligence, les membres de la famille ne se présentèrent pas à l’appel. Selon ma tante Ida, lorsque la famille arriva dans la maison qui leur avait été attribuée, Paul vit qu’une fenêtre donnant sur la montagne était protégée par des barreaux de fer et s’empressa de les desceller. Selon, le récit d’Annette, c’est un autre réfugié, Mr Goldenberg qui en eut l’idée. Lorsque les Allemands arrivèrent, la famille Epelbaum prit la fuite par la fenêtre et les époux Goldenberg par la porte de devant. Les Allemands tirèrent immédiatement sur eux. Le mari fut tué et sa femme épargnée. Un Allemand lui aurait dit « la mort de votre mari suffit ». Après le départ des Allemands, les Epelbaum furent recueillis par des habitants du village.

En janvier 1944, une deuxième rafle eut lieu mais là encore ils échappèrent aux Allemands. Puis, grâce à l’aide du père Marie-Benoît, un capucin Français, professeur de théologie à Rome, ils purent rejoindre la capitale italienne. Fin août 1968, lors d’une escale à Rome en provenance d’Israël, mon père nous a emmené, ma mère et moi, via Palestro où il habita, avec Annette et les Sidelsky, jusqu’à la libération de Rome. Lors de cette visite, mon père m’a raconté un souvenir romain : il s’était fait voler son portefeuille dans un bus par un pickpocket. Le lendemain, il mit des feuilles de papier journal dans une blague à tabac posée dans la poche intérieure de son veston et prit le même bus, bien décidé à confondre son voleur. A l’arrivée, il n’avait plus la blague à tabac dans sa veste et il n’avait rien senti !

Certificat d’identité italien d’Icek

Membres de ma famille et nos arbres généalogiques

  • Mon père Icek Epelbaum (1895 ou 1901-1988) a fait la marche en compagnie de sa nièce, Annette/Hene Epelbaumas (1924-2009) , sa sœur Chaja/Ida Epelbaumas (1907-2011) et son mari Pinhas/Paul Sidelski (1903-1969). Leur fille, ma cousine Claudine, est née en mai 1943 à Saint-Martin-Vésubie. Après la marche, les membres de la famille ont repris leurs vies.
  • Les Sidelski ont retrouvé leurs trois autres enfants cachés à Belâbre (Indre), Jacqueline (1930), René (1934) et Monique (1938-).
  • Je suis né en 1950 du second mariage de mon père avec ma mère Georgette Gelbvaks-Epelbaumas (1914-1983), veuve du frère de mon père, Gersz/Henri Epelbaumas (1905-1943), mort en déportation.
  • La première femme de mon père, Ita Wegsztejn (1911-1943) et leurs sept enfants, Jacqueline (1931-1943), Suzanne (1932-1943), Jacques (1934-1943), Renée et Andrée (1935-1943,), Henri (1937-1943) et Arlette (1939-1943) avaient été raflés lors du Vel D’hiv et sont morts en déportation.
  • Ma femme, Anne Boutervasser-Epelbaum (1948-) a donné naissance à notre fils unique Stéphane (1979-) qui a lui même trois fils, (Solal (2008 -), Maël (2010-) et Camille (2012-).
  • Annette a épousé épouse Jeko German (1922-1962) et donné naissance à Evelyne (1949-) et Alain (1951-) qui ont eux même respectivement enfanté Laurent (1970-) et Maya (1978-) ; lesquels continuent la famille avec Théa (2012-)et Simon (2014-) et Lia (2011-)et Ouriel (2014-).
  • Claudine a épousé Pierre Hoenigsberg (1934-2018). Ils ont adopté Laura (1975-) qui a engendré India (2000-).

Jacques Epelbaum