80 ans

Pour commémorer les 80 ans de l’exode initial des Juifs de Saint Martin Vésubie vers l’Italie en 1943, nous avons publié trente-trois de leurs histoires. Beaucoup d’entre eux ont réussi à échapper aux Allemands. D’autres n’ont pas eu cette chance et ont été capturés et déportés. Parmi eux, seul un petit nombre a survécu pour raconter son histoire.

Merci à tous ceux qui ont contribué à la rédaction de ces articles !

Les contributions sont toujours les bienvenues : veuillez les envoyer par courriel à publications@ame43.org.

Équipe des éditions du 80e anniversaire :
Rosalie et Raphael, avec Naftali (traductions en hébreu) et David (site web).

11 août 2024

Voici trois dernières contributions pour célébrer le 80e anniversaire, sur des sujets variés : l’histoire d’Henri Paperman, qui a contribué à aider d’autres Juifs à Saint-Martin Vésubie ; une critique du récent roman italien Un po’ di tempo in più, dans lequel Saint-Martin Vésubie joue un rôle important ; et l’historique de la résidence forcée, par l’historien Jean-Louis Panicacci.

Patricia Paperman raconte l’histoire de son père Henri Paperman, de son frère Jacques et de leur père Abraham, qui se sont fortement impliqués dans l’aide aux autres Juifs à leur arrivée à Saint Martin Vésubie et lors de leur fuite vers l’Italie.

Dans A Charming Italian Novel, Elaine Markowski McKee parle du premier roman d’Andrea Bagnulo, Un po’ di tempo in più (« Un peu plus de temps »), dans lequel le personnage Vinicio tombe par hasard sur un vieux journal de guerre tenu par son grand-père. En le lisant, il découvre ses racines juives et la traversée de l’Italie effectuée par son grand-père en septembre 1943.

L’historien Jean-Louis Panicacci évoque la résidence forcée dans laquelle ont été envoyés de nombreux Juifs étrangers arrivés à Saint-Martin Vésubie en 1943. Son texte présente le contexte de cette « résidence forcée ». Il a servi de base à une conférence donnée lors du week-end de la Marche de la Mémoire 2023.

15 octobre 2023

Cette semaine, nous avons deux histoires, toutes deux concernant des Juifs qui ont survécu à Auschwitz étant déportés de Borgo San Dalmazzo après avoir fui Saint Martin Vésubie. La première est consacrée à Berthold Linder par son fils George. La seconde est consacrée à David Galant par sa fille Risa. En dépit d’un traumatisme incroyable, les deux survivants ont reconstruit leur vie et leur famille. Les récits des deux survivants ont été publiés : Berthold Linder a écrit ses mémoires, en anglais et en allemand, et Risa Galant a écrit l’histoire de son père David.

Ces récits revêtent une importance particulière après l’attaque meurtrière menée par les terroristes du Hamas contre Israël, au cours de laquelle plus de 1 200 Israéliens – principalement des civils et en grande partie des Juifs – ont été tués, soit le nombre le plus élevé depuis la Shoah (l’Holocauste).

[] Mon père n’a jamais parlé de ses histoires de guerre, même lorsque je lui ai demandé, il m’a simplement répondu « tu ne veux pas savoir ». J’ai été choqué, en lisant son livre, d’apprendre ses souffrances et ses pertes, bien qu’il n’ait pas écrit son livre en tant que victime, mais plutôt en tant que vainqueur qui a conquis et survécu, de justesse. Il a écrit son livre à 80 ans parce que son petit-fils lui a demandé à quoi servait le numéro sur son bras et à cause des négationnistes. […]

— George Linder

[] Mon père m’a dit que ce n’était pas si mal, qu’il y avait beaucoup d’autres Juifs. Beaucoup étaient des personnes qu’ils connaissaient dans la communauté juive parisienne. Ils étaient libres d’aller et venir tant qu’ils se présentaient aux carabiniers pour les contrôles biquotidiens. Ils se sentent tellement à l’aise sous la juridiction des Italiens qu’ils encouragent leurs amis parisiens qui se cachent encore à les rejoindre. (Leurs amis ont refusé.) La famille a même célébré de beaux événements : les mariages des sœurs de mon père et la naissance du fils de sa sœur Renée, Daniel. […]

— Risa Galant

8 octobre 2023

Avec tout ce qui se passe en Israël, nous avons décidé de ne pas publier d’articles cette semaine. Certains descendants israéliens de Juifs ayant vécu à St Martin Vésubie ont été appelés à effectuer des missions d’urgence dans l’armée israélienne. Nos pensées vont à eux et à leurs familles.

(Nous n’avons publié aucun article le 1er octobre).

24 septembre 2023

Nous avons encore trois soumissions. La première est un passage du mémoire d’Albert M. Sharon, automne-hiver 1943-1944, qui nous a été envoyé par sa fille Patty Maimon. Le deuxième est un texte de Raphael Tishkoff Ebrani, sur les émotions et les expériences qu’il a ressenties les différentes fois où il a fait la Marche. Le troisième est un texte de Béatrice Jouanne décrivant sa recherche de traces de l’oncle déporté de son mari, Osias Schönberg, et leur joie de trouver la première photo de lui à travers ces récits du 80e anniversaire.

[…] Nous avons suivi l’armée italienne sur la route sinueuse. Le terrain était difficile. Les enfants trébuchent en s’accrochant à leurs parents qui portent des enfants en bas âge dans leurs bras. La force d’âme remarquable des personnes âgées et handicapées qui s’efforçaient de suivre le rythme était stupéfiante. […]

– Albert M Sharon

[…] Dans le cadre de mon voyage personnel, j’ai choisi de suivre les traces de mon grand-père et de sa famille de Saint-Martin-Vésubie en France à Entracque en Italie, soit 35 km. Lorsque je suis arrivé au col de Fenestre, j’ai été soudainement confronté à la vue spectaculaire du côté italien. À ce moment-là, j’ai ressenti un immense sentiment de liberté et d’espoir. Peut-être un peu comme ce que certains des Juifs qui sont passés par là avant moi ont ressenti lorsque l’Italie leur a été révélée – l’endroit où ils espéraient que la guerre serait derrière eux… […]

Raphael Tishkoff Ebrani

[…] Nous pensions avoir trouvé tout ce qu’il était possible de trouver mais cet anniversaire des 80 ans nous a apporté ce que nous n’osions plus espérer : une photographie sur laquelle il serait identifié. Aucune photo de lui ne nous a été transmise familialement.

Le 20 août, la publication du témoignage de Linda Rosenblatt a tout changé. On y trouve une photo de groupe et l’une des personnes photographiées est Osias Schönberg. Vous imaginerez notre émotion en voyant son visage pour la première fois. […]

Béatrice Jouanne

17 septembre 2023

Comme ce week-end est celui du Nouvel An juif, nous ne publierons pas d’articles ce dimanche. Les trois prochains articles seront publiés une semaine plus tard, le dimanche 24 septembre.

En attendant, nous souhaitons à nos lecteurs juifs une bonne année.

10 septembre 2023

Avec toutes les activités du week-end dernier, nous avons été très occupés. Nous ferons le point sur eux et sur la Marche de la Mémoire dès que possible.

Comme d’habitude, cette semaine, nous avons trois histoires. La première est celle de la découverte par Claudine Hérody-Pierre du périple que les parents et grands-parents de la cousine adoptive de sa mère, Rosa Josefowicz, ont effectué à travers les Alpes. Le deuxième texte est celui d’un membre de la New North London Synagogue, Ziona Strelitz, sur son expérience de la Marche de 2013. Le troisième texte est une série de collages interprétatifs sur la vie de Mario Levin, créés par Annette Stock.

[] The trek across the Alps is almost the end of their journey: they had left Poland in the very early thirties, for Antwerp, where their existence was fairly peaceful; the family group of six siblings, all related, lived close to each other, almost all working as tailors.La marche à travers les Alpes est presque la fin de leur chemin : eux qui avaient quitté la Pologne au tout début des années trente, pour Anvers, où leur existence était assez paisible ; le groupe familial des six frères et sœur, tous parents, y vivaient proches les uns des autres, exerçant presque tous la profession de tailleur. […]

— Claudine Hérody-Pierre

[…] L’expérience au sommet de la montagne a été très émouvante. De nombreuses personnes étaient venues à pied du côté italien, et il y avait une foule considérable, mais les visages les plus singuliers étaient ceux des portraits d’enfants perdus, placés sur les corniches rocheuses où nous nous étions rassemblés. La cérémonie a commencé par des discours en italien et en français, un appel des jeunes disparus et une anthologie de témoignages de survivants lus par des élèves d’une école juive de Nice. […]

— Ziona Strelitz

[…] J’ai commencé à documenter la Marche de la Mémoire et les événements commémoratifs en 2015. Lorsque j’ai rencontré Mario Levin en 2019, nous avons entamé ensemble un projet à long terme, en recherchant son histoire et celle de sa famille. Mario lui-même n’a vécu la fuite des Juifs de Saint-Martin-Vésubie que dans le ventre de sa mère. […]

— Annette Stock

3 septembre 2023

Aujourd’hui, nous avons nos trois soumissions habituelles. Dans notre premier texte, Rosalie Bernheim raconte son expérience de participante aux Marches depuis vingt ans. Pour notre deuxième texte, l’adjointe au maire de Saint Martin Vésubie, Isabelle Monnin, nous parle de sa découverte de la Marche. La troisième histoire est une peinture et un court texte du survivant Avraham Schonbrunn.

J’ai rejoint la Marche de la Mémoire pour la première fois en 2003, à l’âge de quatre ans. Je n’ai jamais cessé de le faire depuis, à quelques exceptions près. Non seulement les Marches m’ont permis de comprendre l’histoire de mon village et l’histoire de mon peuple, mais elles m’ont aussi donné l’occasion de rencontrer une communauté du monde entier, de nationalités et de religions différentes. J’ai rencontré des personnes que je n’aurais jamais rencontrées autrement, et elles sont devenues comme ma famille. […]

– Rosalie (Rosie) Bernheim

Il y a des rencontres parfois qui nous ouvrent les yeux. En 2015 j’ai fait connaissance d’Hermann Harder, client de ma maison d’hôtes (aujourd’hui emportée par la Tempête Alex) qui venait pour la Marche chaque année. C’est lui qui m’a parlé de la fuite tragique d’un millier de juifs survenue en septembre 1943 à St-Martin-Vésubie. […]

– Isabelle Monnin

Il s’agit d’une peinture que j’ai réalisée et qui représente l’un des passages difficiles vers l’Italie lors de notre fuite de Saint Martin Vésubie à travers les montagnes. Cet arbre était le seul moyen de traverser une rivière en furie. J’ai pensé qu’il serait approprié de commémorer l’événement du 8 septembre 1943. […]

– Avraham Schonbrunn

27 août 2023

Aujourd’hui, nous avons nos trois soumissions habituelles ! Les deux premiers portent sur l’histoire des Krauthamer, l’un de Moti et l’autre de Daniella Krauthamer, qui présentent tous deux un point de vue différent sur l’histoire de leurs ancêtres. Le troisième est un extrait des mémoires de Myriam Butler, envoyé par son fils, Michel Kern.

En septembre 1943, alors que les soldats et les administrateurs italiens se retirent de la région et rentrent en Italie, ils préviennent les Juifs que les Allemands vont bientôt arriver et qu’il sera extrêmement dangereux de rester. […]

– Moti Krauthamer

C’est une grande émotion pour moi d’être ici aujourd’hui à Saint Martin Vésubie, de voir de mes propres yeux le village dont mon père a parlé pendant tant d’années. C’est là que, petit garçon de 11 ans, il se souvient avec émotion de l’hospitalité chaleureuse des habitants de ce village pendant la Shoah, alors que la plupart des juifs d’Europe n’ont pas survécu. Son histoire et celle de sa famille ne sont rien de moins qu’un miracle, car la chance a joué un rôle majeur dans la survie de sa famille et une partie de leur miracle s’est déroulée dans ce village. Mon père voulait retourner à Saint Martin Vésubie depuis de nombreuses années, pour dire lui-même « merci » aux habitants, mais en 2000, il est décédé à l’âge de 67 ans. […]

– Daniella Krauthamer

[…] Les Italiens ont dû quitter le sud de la France, car les Allemands ont envahi tout le sud à leur place.
Les soldats italiens nous ont dit que nous ferions mieux de les suivre dans les montagnes plutôt que d’attendre les Allemands. En conséquence, la plupart des quelque 1 000 personnes qui vivaient à Saint-Martin sont parties dans les montagnes, dans un véritable exode. Papa avait réussi à engager deux muletiers et leurs mules, nous avons donc pu mettre les sacs sur les animaux et je me tenais à califourchon sur une mule. Mais la plupart des gens sont allés à pied. […]

– Myriam Butler

20 août 2023

Voici trois nouveaux articles. Le premier est un discours que Linda Rosenblatt a prononcé au Col de Fenestre à l’occasion de la Marche de la Mémoire 2017. Le deuxième et le troisième sont des poèmes, respectivement d’Avraham Lancry et de Lucie Bernheim, qui commémorent tous deux l’importance de cette marche annuelle.

[…] Malheureusement, comme beaucoup de survivants, ma mère n’est plus en vie pour témoigner. Nous sommes passés de la mémoire vivante à la mémoire historique. Il nous incombe donc à nous, les deuxième et troisième générations, de continuer à raconter leur histoire afin que les générations futures comprennent et se souviennent de ce qui s’est passé et que la Shoah ne devienne pas une simple note de bas de page de l’histoire. […]

— Linda Rosenblatt

Une marche puissante et passionnante
Dans le magnifique paysage
pour se souvenir et commémorer l’héroïsme des personnes qui se sont battues pour la vie
et qui ont gagné.
Pour faire partie du témoignage de la victoire du bien sur le mal, de la douceur sur la violence et de la vie sur la mort. […]

— Avraham Lancry

Il est important de se souvenir et
d’honorer les braves gens de
Saint Martin Vésubie qui se sont défendus contre
les nazis et ont sauvé des vies. […]

— Lucie Bernheim

13 août 2023

Nous avons trois autres histoires cette semaine. La première est un extrait d’un article de Joelle Hansel (née Epelbaum) publié dans un article français sur sa famille Epelbaum. La seconde, qui nous a été envoyée par Hermann Harder, avec le soutien de Cornelia, la fille de Ludwig, est un texte allemand écrit par Ludwig Greve, qui décrit son expérience de la guerre. La troisième article, envoyée par Gregory Breuer et sa famille, comprend deux extraits des journaux de ses parents, Manya (née Hartmayer) et Ernst Breuer, avec leurs descriptions de la montée en Italie.

Le 26 avril 1945, à Cuneo (Italie), sous la cinquième arche du viaduc de Valdieri, Herman Armand Moïse Herz Epelbaum, notre grand-père, Bernard Futtermann, son beau-frère, et Marcel Futtermann, son neveu âgé à peine de dix-sept ans, furent assassinés par les nazis. Ainsi se terminait tragiquement un périple qui avait commencé en 1940 lorsqu’ils avaient fui, avec leur famille, Paris occupé par les Allemands. . […]

— Joelle Hansel

Dans cette guerre, il y a eu des victimes que l’on pouvait pleurer, et dont les partis respectifs ont revendiqué les blessures ; et d’autres, comme nous le savons, qui n’ont pas pu appeler à l’aide, car les forces de sécurité elles-mêmes les auraient immédiatement achevées. […]

— Ludwig (Lutz) Greve

[…] Plus nous montions, plus nous pouvions contempler le magnifique panorama des Alpes majestueuses. Un petit lac que nous avions dépassé il y a quelque temps ressemblait maintenant à une magnifique émeraude scintillant au soleil, bien en dessous de nous. Lorsque je me suis arrêté pour reprendre mon souffle, je me suis demandé si c’était vraiment possible. […]

— Manya Hartmayer

6 août 2023

Nous partageons trois histoires cette semaine. Un poème de Naftali Gurwitz raconte la fuite de son arrière-grand-père, également nommé Naftali. Mike Ebrani nous parle des significations changeantes de la Marche de la Mémoire. Elizabeth Bernheim écrit sur les messages contradictoires de la Marche : espoir, désespoir, joie, horreurs, et sur ce que nous pouvons faire des Marches de la Mémoire annuelles.

Dans une période de ténèbres, un héros a surgi,
Naftali, mon arrière-grand-père, courageux et sage.
À travers les Alpes franco-italiennes, il s’est enfui,
échappant aux griffes du fléau nazi.

– Naftali Gurwitz

…Non, nous ne pourrons jamais comprendre ce qu’ils ont vécu. Nous ne pouvons qu’être reconnaissants envers ceux qui ont survécu. En effet, nous ne serions pas là autrement.
Et souvenez-vous de ceux que nous avons perdus. Même si nous ne les avons jamais connus. Même si les enfants d’il y a 80 ans les connaissaient à peine.
Et reconnaissants pour les marches de notre époque qui nous permettent de suivre le mouvement. En y trouvant de l’émotion et du réconfort.

– Mike Ebrani

… Dans l’horreur de la guerre, nous nous sommes fait de nouveaux amis venus d’Israël, d’Amérique, du Canada, d’Angleterre, d’Irlande du Nord, d’Allemagne, de France, d’Italie, des Pays-Bas, de Belgique… Nous avons marché, discuté et pris de longs repas conviviaux. Nous avons célébré des mariages et des naissances, discuté d’histoire, de livres, de films…

– Elizabeth Bernheim

30 juillet 2023

Nous partageons trois histoires : une lettre de 1943, une histoire de famille et un poème. Tous trois nous ont été envoyées en hébreu, par trois Israéliennes, descendantes de ceux qui ont fui à travers les Alpes il y a quatre-vingts ans.

Sarit Amitai partage une lettre écrite en français par son grand-père Elie Birman en mai 1943. Avec son fils Yts’hak, il vivait à Saint Martin Vésubie, après sa femme Mathilde (Miriam), la mère d’Yts’hak, avait été déportée à Auschwitz.

Rafeket Sherman Elisha raconte l’histoire de son grand-père, Menachem Marienberg. À l’âge de seize ans, la détermination et l’ingéniosité de Menachem ont permis à sa famille de traverser rapidement les formidables montagnes, dans l’espoir d’atteindre la sécurité de l’autre côté.

Sara Dahlia Weisman écrit un poème suite à sa participation à la Marche 2022 avec son grand-père, Avraham Schonbrunn, et ses trois jeunes enfants, dont le plus jeune, Elia, avait quatre ans, le même âge que son grand-père lorsqu’il a traversé les montagnes avec sa famille en 1943.

23 juillet 2023

Nous avons deux histoires françaises. L’une d’entre elles, celle de Sylvie Baran, partage une photo d’elle à l’âge de deux mois, prise alors qu’elle s’échappe par le col de Fenestre avec sa famille. Le second, de Jacques Epelbaum, raconte l’histoire de son père, Icek, et de sa famille qui, pour échapper aux nazis, passent de la France à l’Italie.

Voici une photo de moi bébé et de ma maman. Je suis dans les bras d’un carabinier italien qui nous a aidé lors de la marche sur le col de Fenestre. Je suis née le 8 juillet 1943 à Saint Martin Vésubie, dans la villa les Lucioles. Nous avons dû fuir, comme tant d’autres, le 8 septembre 1943. Nous avons été escortés par les Italiens et nous nous sommes cachés pendant un an dans un village d’Italie, avant d’arriver en Suisse.
Sur cette photo, je dois avoir deux mois, et c’est précisément pendant notre vol qu’elle a été prise. J’ai fuis avec mes parents et ma grande sœur qui avait deux ans à l’époque. […]

— Sylvie Baran

Mon père, Icek Epelbaum, sa nièce Annette Epelbaumas, sa sœur Ida Sidelski et Paul, son mari, traversèrent le col de la Cerise, à pied à travers la montagne enneigée, une marche de trois jours et trois nuits. Ida portait dans ses bras sa fille Claudine âgée de 5 mois. Les nazis les attendaient à Valdieri du côté italien. Sur les 340 juifs qui se rendirent aux nazis sur la place du village, 12 seulement revinrent des camps. […]

— Jacques Epelbaum

16 juillet 2023

Aujourd’hui, nous avons deux histoires. L’une d’eux, rédigé par Elaine McKee, raconte l’expérience de sa mère qui a franchi le col de Fenestre pour échapper aux nazis. La seconde est celle d’Ivor Snoddy, qui s’est retrouvé impliqué dans la Marche par pur hasard, mais qui a été tellement touché par l’histoire qu’il a continué à venir presque chaque année pour cette marche commémorative, et qu’il partage et honore l’histoire autant que possible.

Ma mère, Margit Reich, se souvient qu’ils ont passé 3 jours et 2 nuits dans ces montagnes [the Col de Fenestre]. Ils étendaient des couvertures pour que les enfants puissent dormir la nuit. Maman et Suri [Margit’s cousin] se sont relayées pour surveiller les enfants afin qu’ils ne soient pas piétinés par les vaches. Il faisait frais la nuit, mais il n’y avait pas assez de couvertures pour les adultes. Pendant que l’un montait la garde, l’autre se réchauffait auprès d’un feu allumé par un groupe de jeunes. Ils ont chanté des chansons telles que Arum dem Fayer. Je ne peux m’empêcher de me demander combien de jeunes gens autour de ce feu ont survécu à la Shoah. […]

– Elaine McKee

[…] Ce n’est que par la grâce de Dieu que ma famille et moi-même avons été impliqués ou avons été témoins d’une telle atrocité dans notre vie. Outre les merveilleux amis que je me suis faits en venant ici, j’ai l’intention de continuer à participer à cette Marche chaque année aussi longtemps que je le pourrai, car cela représente beaucoup pour moi de commémorer non seulement ces pauvres âmes qui ont essayé de gagner la liberté dans les années 1940 en escaladant ces passages montagneux, mais aussi toutes les autres personnes passées et présentes dans le monde qui essaient d’échapper à la tyrannie jusqu’à aujourd’hui.

– Ivor Snoddy

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